3 millions de paiement sans contact en trois jours
La crise sanitaire actuelle et la nécessité d’instaurer des gestes barrières supplémentaires dans la vie quotidienne des Français a précipité l’arrivée d’un nouveau plafond pour le paiement sans contact : celui-ci est désormais autorisé jusqu’à 50 €. En moins d’un mois, 70 millions de cartes bancaires et plus d’un million de terminal de paiement ont été mis à jour et les banques ont modifié leur autorisation.
Depuis le 11 mai, 90% des cartes bancaires équipées du sans contact sont paramétrées pour accepter les paiements pouvant aller jusqu’à 50 €. Chez certaines banques (Crédit Agricole, BNP Paribas), cette nouvelle autorisation a été instaurée automatiquement et chez d’autres (Société Générale), le consommateur devait renseigner son code secre
t une fois avant de pouvoir bénéficier de ce nouveau plafond. Étonnement, les établissements les moins réactifs par rapport à ce changement ont été des néobanques comme Orange Bank qui a annoncé à ses clients ce relèvement le 19 mai.
Du côté des consommateurs, ce changement est un nouveau souffle. Dorénavant, ils n’ont plus à taper leur code sur le terminal de paiement pour les transactions inférieures à 50€ et peuvent alors limiter les contacts en ces temps de crise sanitaire où chacun doit être vigilant lors de ses déplacements. Entre le 11 et le 15 mai, le GIE carte bancaire a enregistré 3 millions de transactions, ce qui représente une augmentation de 15% des paiements de ce type. Du côté des réseaux Mastercard et Visa, les paiements sans contact et mobiles ont augmenté de 40% dans le monde depuis le début de la crise sanitaire.
Le paiement sans contact rencontre un réel succès auprès des consommateurs partout dans le monde. Pratique, simple et rapide, ce nouveau mode de paiement a représenté près de 30% des transactions réalisées en 2019 et ce pourcentage risque d’accroitre avec ce nouveau plafond pour deux raisons :
- 80% des transactions par carte bancaire sont inférieures à 50€ selon la GIE carte bancaire
- la crise sanitaire actuelle entraînant la nécessité de mettre en place des gestes barrières
Aujourd’hui, 30% des commerçants en France ne sont pas équipés d’un terminal de paiement compatible, mais l’engouement actuel risque de changer la donne notamment dans des commerces comme les boulangeries et les bureaux de tabac.
Quel avenir pour le paiement en espèces ?
Cette popularité du paiement sans contact et du paiement mobile peut-elle entraîner la fin du paiement en espèces ? Le contexte actuel de la crise sanitaire a changé les habitudes des commerçants qui sont de plus en plus nombreux à promouvoir ce mode de paiement afin de limiter les contacts et des consommateurs plus prudents dans ce contexte inédit, néanmoins le paiement des espèces n’est pas menacé pour autant.
En effet, la Fédération des entreprises de la sécurité fiduciaire (FEDESFI) a indiqué que les commandes d’espèces ont augmenté de 20% durant les deux dernières semaines de confinement. Et les distributeurs automatiques de billets n’observent aucune baisse des retraits d’espèces par rapport à la même période l’an dernier. En revanche, la FEDESFI accuse les banques et certains acteurs de promouvoir le paiement sans contact au détriment du cash, alors elle y perçoit une sorte de « concurrence déloyale ».
Durant cette période de crise sanitaire, certains commerces ont refusé le paiement en espèces et de grandes enseignes comme Burger King ou Leroy Merlin ont encouragé le paiement sans contact, alors alors la Fédération a saisi la Direction Générale de la Concurrence et de la Répression des Fraudes en précisant que le refus de paiement en espèces est interdit par la loi. En effet, si un établissement refuse ce mode de paiement alors il risque une amende pouvant aller jusqu’à 150 €.